Le plan Picqué recalé : il faut d’abord un développement de Bruxelles par les Bruxellois

L’excellente revue Brussels Studies vient de mettre en ligne un document d’analyse du « plan international de Bruxelles » (PDI). Ce plan, bébé de Charles Picqué, est censé tracer les grandes lignes du développement du Bruxelles dans les années à venir. Il repose surtout sur des investissements dans de grandes infrastructures (stade de football, centres commerciaux, centre de congrès, etc.), ainsi que sur le renforcement de l’attractivité internationale de 10 zones « stratégiques » dans la ville (le Heysel, Tour et Taxi, le quartier du Midi, le quartier européen, etc.). L’idée centrale du plan est qu’il faut rendre Bruxelles « attractif pour les investisseurs étrangers ». medium_pdi_Brochure PDI 1 photo

Les auteurs de l’étude montrent que ce plan « augure d’un approfondissement des divisions sociales de l’espace urbain, d’une accentuation des difficultés d’accès au logement pour les classes populaires et d’un recul de la démocratie locale ». Dans les quartiers ciblé, le plan risque en effet d’entrainer de la spéculation immobilière qui va tirer les prix à la hausse. A terme cela entrainera un « nettoyage social » dans ces zones, comme ce fut le cas dans le quartier du Midi, par exemple. Le PDI fait aussi la part belle à la construction de bureaux et services tertiaires, alors que la création de logements est un enjeux fondamental à Bruxelles et que, par ailleurs, il y a déjà trop de bureaux dans la ville (2 millions de mètres carrés vides).

L’étude conclut à « la difficulté des autorités urbaines [la Région, ndlr] à proposer un modèle de développement urbain qui ne soit pas le décalque des solutions clés sur porte apportées par le monde de l’entreprise – consultants, promoteurs immobiliers, industriels du spectacle, agences de communication,… Le PDI est un concentré de telles ‘solutions’, répliquées de ville en ville au titre de ‘bonnes pratiques’. Il ne dit mot, par contre, sur les régulations nécessaires à la rencontre effective de l’ambition affichée d’un développement … au profit de l’ensemble de la population« .

Un plan de développement par les Bruxellois

Pour Ecolo, le développement de Bruxelles passe d’abord et avant toute chose par un investissement accru dans l’enseignement, la formation et la recherche, au profit des Bruxellois. De tous les bruxellois. Le tout centré sur des filières d’emplois non délocalisables: services aux personnes, horeca, économie « verte »,… Ce sont avant tout les PME innovantes qui vont contribuer au développement de Bruxelles, pas les multinationales susceptibles de partir à tous moments vers d’autres cieux. Il faut donc d’abord compter sur les habitants de Bruxelles pour développer la ville et la faire vivre, pas sur d’hypothétiques et volatils investissements internationaux.

Par ailleurs, l’accès à un logement de qualité pour tous les Bruxellois reste un enjeu fondamental. Toutes les politiques régionales mises en oeuvre doivent donc veiller à intégrer cette données. Les réserves foncières, c’est à dire les terrains où la construction d’immeubles est possible, doivent autant que possible intégrer du logement : il y a déjà assez de zones réservées aux bureaux à Bruxelles (quartier Nord, quartier Midi, quartier européen…).

Pas de doute, pour développer Bruxelles, il est temps aussi de passer dans le vert

3 réflexions sur “Le plan Picqué recalé : il faut d’abord un développement de Bruxelles par les Bruxellois

  1. Ah, c’est toujours amusant la langue de bois. Tu aurais pu au moins avoir l’honnêteté de rappeler qu’Ecolo a largement soutenu le PDI de Picqué.

  2. Bonjour !
    Qques élements de réponses à ton interpellation:
    – le document de l’étude « PDI » de la boite d’audit (qui en comprend les grandes lignes) a été présenté à l’extérieur avant même d’être présenté en gvt (même aux autres ministres socialistes, dont certains étaient furieux)…
    – ce truc n’a pas été réellement négociable: Picqué l’a présenté comme à prendre tel quel; le cabinet Evelyne a juste obtenu quelques accents « développement durable » (c’est très faible, j’avoue).
    – en interne chez Ecolo, ceux qui connaissent le dossier contestent pour la plupart le PDI de manière radicale;
    – le PDI n’a pas force légale et n’est pas contraignant… il faut arriver à le faire disparaitre globalement dans les oubliettes de l’histoire politique au profit d’un plan de développement plus moderne et reposant plus sur les potentialités de la ville et ses habitants; un changement de rapport de force au sein du gvt pourrait y aider…
    Voilà… En espérant ne pas avoir été trop langue de bois à ton goût…
    NB: je suis à ta disposition pour en parler de vive voix, vu que tu sembles connaitre l’affaire…

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