Le Gouvernement bruxellois a une nouvelle réponse à la crise du logement… : diminuer les budgets !

Le budget logement de la Région a été analysé en commission du Parlement bruxellois ce jeudi.

Les documents mis à disposition des parlementaires rappellent la situation catastrophique du marché du logement à Bruxelles. Les 60 % des Bruxellois les plus « pauvres » n’ont financièrement accès qu’à 24 % du marché locatif, et les chiffres sont encore plus mauvais en ce qui concerne le marché acquisitif. La liste d’attente pour l’accès au logement social s’allonge, on est aujourd’hui à 45.000 ménages inscrits. Ecolo est stupéfait de constater que, dans ces conditions, les budgets logement sont en diminution pour 2017 par rapport à 2016 étant donné qu’ils ne suivent même pas l’inflation. Le budget régional, lui, augmente globalement. Conclusion : la politique du logement n’est pas une priorité pour le Gouvernement bruxellois.

img_7925Le budget de liquidation, celui des moyens effectivement dépensés, augmente de 0,99 %, ce qui signifie une diminution d’environ 1 % en termes réels (le Bureau du Plan prévoit en effet une inflation de 2 % en 2016 en Belgique et de 1,7 % en 2017). D’ailleurs, la part du budget logement dans le budget régional (hors matières personnalisables) passe de 7,82 à 7,48 %.

Par ailleurs, le budget d’engagement – qui reprend les moyens réservés, traduisant des priorités politiques – diminue lui de 40 % (passant de 465 millions à 276 millions). Le fait que le Gouvernement peine à exécuter l’Alliance Habitat (585 millions non dépensés sur les 600 engagés depuis 2014) ne peut être une excuse. Davantage de moyens pourraient être engagés dans d’autres types de politiques logement (AIS, Fonds du logement, projets innovants, primes…).

Pour Ecolo, le budget logement manque d’un réel souffle. Il contient des mesures qui, séparément, peuvent être intéressantes, mais n’est clairement pas à la hauteur de l’enjeu.

Les écologistes pointent une série de défaillances :

– l’absence de projets concrets et de financement pour la création de logements dans les pôles de développement prioritaires (les « nouveaux quartiers » à venir). La SLRB est, selon ses dires, « prête à contribuer au développement de ces quartiers »… comme l’année passée, et celle d’avant… on reste dans le domaine des intentions;

– l’absence d’objectif en pourcentage de logements à finalité sociale dans les différents quartiers existants de la ville (le précédent gouvernement visait 15%) ; tout comme l’absence de lien avec la réforme de la dotation générale aux communes (afin d’encourager financièrement les communes à accueillir des projets de logements à finalité sociale) ;

– la non volonté de mettre en place un fonds régional de garantie locative, alors que la constitution d’une telle garantie est un obstacle important pour l’accès au logement ;

– la politique de Community land trust (CLT) est en partie détricotée : le Gouvernement a décidé de priver le CLT de son foncier, ce qui dénature profondément ce projet novateur qui est normalement basé sur une alliance entre pouvoirs publics, habitants et associations ;

– une politique de logements vides qui attribue des moyens aux communes pour monter des « observatoires » mais sans leur donner d’objectifs clairs, et sans s’assurer que ces communes respectent le Code du logement et effectuent réellement un cadastre des logements vides sur leur territoire ;

– l’absence de volonté d’activer réellement les charges d’urbanisme logement, instaurées dans le but d’atteindre 15 % de logements à finalité sociale dans les projets privés ;

– l’absence de mécanisme de régulation du marché locatif dans la nouvelle loi sur le bail (alors qu’Ecolo et Groen ont déposé des textes instaurant une telle régulation, via une commission paritaire).

Les Bruxelloises et Bruxellois attendent des réponses fortes à la crise du logement, d’’autant que le tax shift régional fait peser plus de pression fiscale sur l’immobilier, avec un risque d’augmentation des prix. Le budget logement ne peut être une simple juxtaposition de mesurettes et de continuations. Il faut passer à la vitesse supérieure, et non rétrograder.

 

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